Mais qui était Alfred Danicourt ?

Charles Alfred Danicourt, né à Péronne en 1837, était fils d'avoué et petit-fils de notaire. Il embrasse lui aussi la carrière des affaires en devenant receveur des rentes et avoué des plus grandes familles de l'arrondissement. Cette position d'intermédiaire entre les notables et leur argent fait sa fortune, et lui permet également de tisser de constructives relations avec le pouvoir. Alfred Danicourt entre pour la première fois au Conseil municipal de Péronne en avril 1871. Il y siège durant 16 ans, dont 6 en tant que maire : nommé par un décret de Mac-Mahon en 1874, il retrouve la place de premier magistrat en 1881, là encore par décret.

Il s'investit énergiquement dans ses mandats, et se bat pour le relèvement de Péronne après les destructions provoquées par le siège de la ville par les Prussiens, lors de l'hiver 1870-1871. C'est pendant son premier mandat à la tête de la mairie qu'il lance l'idée de créer un musée à Péronne, puis participe largement à son financement et à la constitution de ses collections. Car sous l'influence du sous-préfet de Péronne et historien Georges Vallois, Danicourt se passionne toujours plus pour l'archéologie. Grand voyageur, il se rend 14 fois en Italie, mais également en Espagne, ou en Algérie, d'où il revient toujours avec de nouveaux trésors. Très lié avec des archéologues et des antiquaires parisiens, il fréquente les salles des ventes françaises et étrangères, et consacre une grande partie de sa fortune à l'achat de pièces rares, objets qu'il place au musée après son inauguration en 1877.

Ses liens avec les grandes familles permettent au musée de bénéficier de dons importants. Membres de plusieurs sociétés savantes, Alfred Danicourt a rédigé plusieurs articles consacrés à l'archéologie ou à la description de certaines de ses acquisitions pour le musée. Il a aussi publié Une révolte à Péronne sous le gouvernement du Maréchal d'Ancre (Péronne, 1885). Décédé en 1887 à l'âge de 50 ans, il n'oublie pas sa ville dans son testament. Il laisse aux Péronnais toutes ses collections d'art, et surtout tous les trésors archéologiques accumulés. Il lègue également à la ville son importante bibliothèque, et une somme (colossale pour l'époque) de 200 000 francs, à partager entre le musée, la bibliothèque municipale, les projets d'embellissement de la ville, ou encore le bureau de bienfaisance, une somme que la ville utilisera pendant plus de 50 ans. C'est donc naturellement que, dès sa mort, la municipalité baptise le musée de son nom, puis, en novembre 1910, lui donne une rue : l'avenue Danicourt.

Mais il ne faut pas voir en cet homme qu'un obscur et discret collectionneur. Alfred Danicourt est décrit par ses contemporains comme une personne très cultivée, mais aussi très alerte, pleine d'esprit et d'entrain, n'hésitant pas à mettre de l'ambiance dans les fêtes, les banquets et les bals costumés. Alfred Danicourt reste à ce jour le principal bienfaiteur de la ville de Péronne.