Le médaillier gaulois d’Alfred Danicourt

Alfred Danicourt, ancien maire de Péronne, fait partie de ces évergètes du 19e siècle qui consacrent leur fortune à l’achat d’objets archéologiques qu’ils offrent ensuite au regard de leurs contemporains. Sous l’inspiration du sous-préfet de Péronne Georges Vallois (à qui la Somme et le Cher doivent plusieurs publications érudites) Danicourt fera même plus, en lançant alors qu’il est maire l’idée de créer le premier musée de Péronne en 1874, en finançant son installation dans la moitié de la mairie en 1877, puis en léguant toutes ses collections à la ville par testament en 1887 (une partie se trouve alors dans l’appartement parisien du collectionneur péronnais, Place Vendôme).

Miraculeusement sauvée lors des guerres mondiales, la collection numismatique gauloise, qui compte aujourd’hui un peu plus de 400 monnaies d’or, d’argent, de bronze et de potin (appelées médailles jusqu’au 19e siècle), fut constituée par Danicourt sur plusieurs décennies. Il s’appuyait sur un réseau d’informateurs dans les plus grandes salles des ventes d’Europe, et faisait également déjà à l’époque œuvre de conservation en rachetant nombre de trouvailles locales. Les tribus situées au Nord de Paris sont ainsi bien présentes (Ambiani, Bellovaci, Suessiones, Viromandui, Atrebates, etc…), mais plus largement ce sont des monnaies de tous les peuples gaulois du 3e siècle av JC au 1er siècle ap JC, de la Gaule belgique à la narbonnaise, qui sont exposées dans un état de conservation souvent exceptionnel.

Dans une communication de 1879 à la Société des Antiquaires de Picardie, Alfred Danicourt décrit à ses collègues le médaillier qu’il a créé pour la valorisation et la classification de sa collection. Sur un canevas d’1 m2 représentant la Gaule, le collectionneur a disposé plusieurs centaines de cases qui accueillent les monnaies classées sur la carte selon la provenance qui leur est attribuée. Le tout est placé dans une vitrine plate qui restera dans l’appartement parisien de Danicourt, plus précisément dans sa chambre à coucher, jusqu’à son décès.

Alfred Danicourt présenta lui-même à ses contemporains une vingtaine de pièces de sa collection à travers un article de la Revue Archéologique en 1886. Mais c’est surtout par les publications de Jean-Baptiste Colbert de Beaulieu, puis grâce à l’ouvrage incontournable de Simone Scheers en 1977, Les monnaies gauloises de la collection A. Danicourt à Péronne (Cercle d’Etudes Numismatiques de Bruxelles) dont l’actuel classement de la collection est inspiré, ou encore grâce au Nouvel Atlas des Monnaies Gauloises (3 tomes, Editions COMMIOS, 2002-2007) établi par les travaux de Louis Pol Delestrée et Marcel Tache, que cet ensemble unique nous est toujours mieux connu.

Retrouvez l’histoire complète du Musée Alfred-Danicourt de Péronne ici : insitu.revues.org/11479