Les sujets représentés sur les monnaies gauloises

Aux 3e et 2e siècles av JC, les monnaies gauloises sont d’abord très inspirées graphiquement des cités voisines de la Gaule ou des peuples recrutant des mercenaires gaulois. Ainsi les profils des rois méditerranéens (Philippe II de Macédoine, Alexandre III le Grand), les portraits de déesses ou les épis de blé grecs apparaissent sur des monnaies gauloises qui les représentent parfois archaïquement. Le « talent » du graveur de la tribu gauloise rendra difficile dans certains cas la reconnaissance du sujet grec d’origine.

Ces frappes ne sont que progressivement remplacées par des motifs plus « celtiques » au cours du 2e siècle av JC. La monnaie devient un support privilégié de l’art celte, stylisant avec force entrelacs et volutes, et dans une variété infinie, les motifs traditionnels : char, guerrier, arme, triskèle, oiseau, sanglier, lune, œil, visage portant des bijoux, etc… La nature végétale et animale est particulièrement présente, tel que le cheval, parfois sous forme androcéphale (la cavalerie est une arme où les Gaulois excellent). Leurs dieux par contre semblent curieusement absents de cette production monétaire, en totale opposition avec la tradition romaine par exemple.

Bien qu’aujourd’hui certains voient les représentations monétaires gauloises comme de simples évolutions surprenantes des modèles grecs, André Malraux lui-même reconnaissait le talent des graveurs gaulois et restait frappé par l’émotion dégagée par certaines pièces. A propos de la représentation numismatique du cheval, il écrit : « on le retrouve chez les Parisii, avec ses ailes et sans cavalier, éclaté cette fois en arabesques, selon un art presque ornemental qui semble s'apparenter à celui des faïences persanes »*

Au cours du 1er siècle av JC, pendant et après la conquête, l’influence romaine s’impose à son tour dans l’iconographie numismatique gauloise avec des représentations de divinités, de temples ou d’empereurs. Certaines monnaies portent même des têtes féminines directement inspirées des têtes de la déesse Roma casquée frappées sur les monnaies des conquérants latins.

 

 

* Psychologie de l'Art, La Monnaie de l'Absolu (1950)