Le statère de vercingétorix

Dans une correspondance d’octobre 1879 qu’il adresse à son ami l’ancien sous-préfet de Péronne Georges Vallois, Alfred Danicourt revient sur la création de son médailler et sur la carte gauloise pour laquelle il précise alors : « je viens d’acheter un Vercingétorix d’or qui me coûte le blanc des yeux ». Danicourt ne sait pas encore que par ce coûteux achat, il offrira a posteriori à la ville de Péronne l’un des joyaux des collections de son musée municipal.

Cette monnaie, tout simplement exceptionnelle et unique, est un statère de 7,44 g en or et 19 mm de diamètre, représentant sur l’avers un portrait masculin de profil regardant à gauche, et sur le revers un étalon courant à droite, encadré d’un croissant de lune et d’une amphore.

A ce jour aucune sculpture antique figurant le chef gaulois n’a été découverte, et les monnaies gauloises seraient donc les seules représentations que nous possédons de lui. Le conditionnel reste en effet de mise car rien ne prouve que le portrait des monnaies, imberbe et cheveux bouclés, parfois casqué, soit ressemblant. Les plus grands spécialistes de la numismatique antique (Colbert de Beaulieu, Fischer) s’accordent même à penser qu’il s’agit plutôt d’une libre représentation de Vercingétorix à partir des canons esthétiques antiques, tenant plus du dieu Apollon que d’un chef arverne trentenaire. Reste que le talent avéré des graveurs gaulois laisse supposer qu’ils étaient tout à fait aptes à représenter avec précision leur chef, sans aucun besoin d’un modèle…

A noter qu’une possible représentation vieillie du chef gaulois sur une monnaie romaine frappé en 48 av JC par le noble romain Lucius Hostilius Saserna fait actuellement débat chez les spécialistes.

Mais sur la présente monnaie le sujet est donc d’abord identifié par la légende en lettres latines VERCINGETO[RIX] qui ne laisse aucun doute sur la pièce : cette monnaie fut frappée sous l’autorité du chef gaulois en 52 av JC, alors que l’Arverne Vercingétorix affronte les armées romaines de Caïus Julius César.

Moins d’une trentaine de statères de Vercingétorix en or, en électrum et en bronze sont recensés aujourd’hui dans le monde. L’exemplaire de Péronne présente une singularité dans la légende, à savoir le petit T qui, probablement oublié par le graveur, fut ensuite rajouté entre le E et le O sur le coin droit avant la frappe des monnaies. Cette particularité donne encore plus de rareté à la monnaie du Musée Alfred-Danicourt qui vaut aussi par la finesse du portrait et la lisibilité des motifs.

 

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